Cœur de louve.
Tant que j’aurais un drap et un bout de pain dit l’orpheline je finirais bien par trouver ta main, ton souffle sur mon chemin. Quand ma peine creuse mon cœur je t’aperçois au loin, tu es mon écuelle pleine quand ma marmite est vide. Les rayons du soleil dessinent un filigrane, l’ambre de ton visage évide mes yeux de leur chagrin. Demain je prendrai ce train à la gare sans fin. Je n’oublie rien … Il faut laisser le temps au temps de s’écrire, sans faute de frappe, je l’écris avec mon orthographe et ma forme passive. Les charnières d’un cœur qui bat … Chaque jour je tourne une page, un jour de plus dans l’éphéméride d’un vide. Des interlignes, de l’encre bleue, c’est un beau et long voyage, toutes les courbes de ces lettres que j’apprivoise. Leur révérence me fait pâlir parfois, tant les voyelles ne sont pas assez nombreuses, je voudrais qu’elles soient mon ombrelle. Quand mes pensées voltigent au milieu des rimes, mes lignes de la main deviennent bohème le temps d’un poème. J’ai froid et pourtant je ne dis de ce froid qui courbe ma vie, de toutes ces nuits tapies, miroir à contre-jour, dans un recoin de ma mémoire défile ton ombre. J’ai tant de fois déroulé le tapis rouge afin que mon ami Pierrot vienne bercer ma plume mais pour unique connivence je n’ai vu que quelques pas de poussière de lune laisser leur trace au hasard sur le pourpre. La grande affiche de graine d’ortie, des nuits blanches et ma petite folie de vouloir t’écrire au paradis.
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