La belle.
Elle vient de noter l’adresse de sa dernière valse dans son carnet de bal, dorment sur le plancher de sa chambre ses lacets de ballerine. Elle a les paupières recueil de sanglots, les mots de mille poètes dans les yeux et des baisers au fond de son cœur chaud. Elle palpe les reflets de sa robe de soie, dernier souvenir qu’elle enferme dans un album, cachot de photos jaunies. Elle a défait son corset lacé de rides trop à l’étroit pour y vieillir, lassée de pleurs mais la tête gorgée du soleil de ses rires. Dans son grenier de soi, l’effluve de quelques regrets comme ces grains de café moulus à l’ancienne, dans le tiroir de sa table de nuit, quelques reliques, trois bouts de papiers, une plume, un grimoire de dentelle, quelques morceaux d’âme coincés dans les cannelures d’un vieux bois, arôme accoudé au comptoir de ses murs, sa canne a encore fière allure, lui conte des émois d’autrefois … Son parapluie rangé dans son armoire, il a abrité tant d’orages, il conserve l’aumône du temps passé dans son tissu usé, froissé de tendres épopées. Mais se sont brisées par mégarde ses baleines dans le grand chalutier d’amants trop pressés. Elle conserve les rimes de leurs adieux, flotte, là dans les lignes au creux de sa main, de ce front où elle fut en première ligne, elle a mené rude bataille jusqu’au au joug de l’ultime mitraille, l’appel du temps entre ses draps.
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