La brise …
Fanchon, baluchon, ce jour là sa fatigue avait rejoint le dernier astre. Court-vêtue, à petits pas fleuris elle enjambait la campagne. Les chats errants fouinant dans les poubelles, par leurs bruits suscitaient quelques pâleurs sur ses joues et un tremblement de ses lèvres parfois … Ses petits doigts roulaient quelques papillotes acidulées au fin fond de sa poche, une roulade de souvenirs … Au petit matin un vent orphelin caressait sa peau, des reflets chatoyants frissons d’un soleil timide s’entremêlaient glycine dans sa chevelure mordorée. La rivière à flot d’orgueil mordillait la pointe de ses pieds, elle, elle s’imaginait ballerine sous la voûte cendreuse. D’une fissure bohémienne de prunelle elle fendillait l’horizon, mariait des illusions, aquarelle de pucelle elle volait jouvencelle des quatre saisons. Fichu d’octobre sur l’épaule elle mendiait à novembre le chandail de ces années tendres mais belliqueux décembre giflait ses yeux, nichée de chagrins lovés. Écharpe de neige éternelle d’une terre vierge, elle se croyait Marie au mois de mai. Un mouchoir aux vieilles larmes revers de son blue-jean, Fanchon d’un bout de brouillon, une chanson « Marie souillon ! », bluette d’airelles, lange blet. Blues et gin quartier Latin une larme de Chopin, balancelle touche blanche touche noire, une envie de rien, panty de velours au gré des jours, attendre ce matin …
Rachel Désir
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