Banqueroute.
Prête-moi ta plume. La mienne sans sève se meurt. Encrier petit chenapan, tu n’avais pas le droit de te rebeller ainsi … Te voilà tout étalé, nu sur le divan de mon intimité, tu la caresses sans cesse mais ta maladresse la fait trop souvent changer d’adresse. J’ai tant puisé dans ma mémoire qu’à présent elle me laisse en carafe ! Ma feuille n’est plus que papier buvard, ai-je été trop bavarde … J’ai la migraine de l’écrivain et celle la me semble plus invalidante que de simples maux de tête. Mes mots avalent toujours la dernière syllabe, ils sont papivores quand ils sont posés sur ma page je ne retrouve plus tous les morceaux … Le suffixe sue et me fixe, le préfixe près de la marge se fixe. Bande de comédiens va ! Et le radical, c’est radical, les radis germent et lui, il cale. Ben oui le printemps n’est pas profitable à toutes les plantes … Notamment à la rare fleur que je suis … Je voudrais être rose de Noël, ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme l’herbe aux fous. Mon rouet ne veut plus filer ma fibre littéraire. Mes poèmes vivent leur bohème. Ma prose flirt, je ne sais où avec Éole, planquée derrière les nuages.
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