Ces petites choses là qu'on n'oublie pas ...
Vois-tu mon enfant dans la corbeille de la vieillesse il y a tant de linge à plier et des langes d’enfant à replier pour oublier que le tissu froissé s’est trop vite déplié. J’ai dans ma malle à couture tant de chaussettes reprisées de grand papa. Pirogue du temps au fond de ma mémoire j’ai gardé l’odeur de son tabac. Pourtant je criais haut et fort à en faire craquer la glace de l’eau gelée d’un mois de février quand au lavoir je découvrais dans la poche de son pantalon de flanelle, tout neuf, sa bonne vieille blague à tabac ayant macéré dans sa sueur me faisant croire que je lavais une de ses paires de chaussettes d’une dure journée de labeur. De retour au logis, d’un regard de mes lèvres qui restaient closes, je le regardais, le voyant les épaules basses, les traits tirés par la fatigue journalière de sa charrue à sa vie … Sa chemise fleurait bon le soleil des meules de foin. Je l’admirais, il était comme un gosse devant une poignée de carambars, un môme gagnant d’une partie de billes car il savait que de ses mains, de sa peau râpeuse, il avait gagné le sou qui nourrissait l’enfant et faisait crépiter la bûche dans son foyer. Et sa chaleur morale m’inondait, c’était une aquarelle de poète ces moments là, le carrousel du temps mon enfant … Tu sais mon petit … Le monde n’a plus le temps d’héberger les sentiments.
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