La nudité de l'esprit.

La nudité de l'esprit.

CHAPITRE 4

 

 

Le chant du ciel

 

Juliette  entend chanter les oiseaux pourtant ils ne sont plus là… Les oiseaux du ciel comme elle dit. Juste une image confuse dans sa tête, depuis quelques temps ce n’est pas moi… Je suis bien une aide ménagère mais pas Rachel !

Alors je fais avec… J’attends  le déclic, il va arriver, je le sens, ce n’est pas la première fois que ce petit intermède se produit entre nos deux existences. Juste un peu de patience, je dois en posséder beaucoup de cette chose là ! Trois ans qu’elle recherchait une recette de confiture sur les « cornatioux » en patois, autrement dit le poil à gratter ni plus ni moins ! Elle a enfin obtenu sa fichue recette et non de Dieu, il faut attendre les premières gelées pour que ces satanés « cornatioux » soient  prêts  pour réaliser la confiture ! Des fruits du diable oui ! Pour une fois qu’il faudrait qu’il
gèle l’hiver n’est pas précoce ! Elle salive déjà à l’idée d’en déguster un pot… J’ai bien peur qu’elle ne puisse y goûter… Mais je me trompe, c’est sûr je me trompe ! J’aurais certainement trouvé cette recette sur Internet mais… Que voulez vous certains sites sont sécurisés pour le paiement ! Aucun site n’est sécurisé contre le mensonge ! Un retraité lui a procuré la recette… Ah celui là, il ferait mieux de s’occuper de son jardin ! Je suis mauvaise langue mais sur ce coût là je n’ai pas confiance … Je sais les personnes âgées savent beaucoup de choses ! Ce bout de papier pour cuisiner « les cornatioux  », elle a caché précieusement… Sa mémoire défaille, si elle pouvait oublier sa petite cachette, je crois que je lui offrirais du caviar !

 

Petit mot de l’auteur…

 

 

 

A mes « petits Vieux »

 

Il ne grince  pas leur vieux plancher, il parle ou plutôt il raconte… Là près de ce cantou où crépite la bûche de hêtre ou de chêne, se réchauffe leur âme et se repose leur corps. Et moi je les écoute mes « petits vieux », tout en massant leurs membres déformés par l’arthrose, stigmate de leur dur labeur. C’est toujours le même récit : hommes et femmes s’en allaient aux champs pour récolter le  fruit de leur terre, femmes et enfants se rendaient à la rivière pour laver le linge souillé. C’était dans un chaudron que : Juliette, Georgette ou Marie-Jeanne  préparaient le dîner.

-« Pour dix personnes je cuisinais, fallait le faire ! » me disent-elles à tour de
rôle chaque matin.

-« Avec une faux, je coupais mes trente hectares de blé ! » ronchonnent : Marcel, Antoine et Pierre, tous les soirs. Mais moi je ne me lasse pas d’entendre leur voix éraillée par le temps. Par respect de leur vécu, je n’émets aucun signe d’agacement, par sympathie aussi car pour moi ceux sont tous des anges fatigués. Leurs offrir le sourire qu’ils attendent  à mon arrivée, leurs donner un baiser à mon départ, de si petites choses qui leurs donnent envie de faire quelques pas de plus. Tant pis si je n’ai pas le droit d’éprouver ce sacré sentiment d’amour envers eux. Tant pis si quand leur canne les guide vers leurs aïeux j’ai bobo au cœur…   

 

Ouf !!! Les premières gelées se sont montrées et Juliette n’entend plus les oiseaux du ciel chanter … Je l’ai cette recette de « cornatioux », elle m’a divulgué sa cachette, les neurones cachent des mystères … Mot à mot j’ai effectué les différentes étapes pour la réaliser cette sacrée marmelade seulement un pot pour goûter et bien sûr moi j’ai fait le cobaye ! Au soir de la finition, j’ai trempé généreusement une cuillère à café  dans cette mixture, fermé mes yeux et j’ai avalé… Côté gustatif rien d’extraordinaire et rien d’infecte… Ce jour là j’ai dormi comme un bébé. Pourtant au coucher j’avais des doutes, mon instinct de survie… Le lendemain, rien de fâcheux ne m’était arrivé… Je parle de  matière fécale, veuillez m’excuser  de détailler …

 

 

 

 



13/04/2012
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