Le blé est mûr et moi aussi ... Cadeau !
Le blé est mûr....
La vie va et vient ainsi, parfois tumultueuse, parfois donnante. Une partie d'échec, moi je suis souvent mat ! Sur le grand échiquier de la vie, je dépose ici mes sandales usées des valses sans bal ! Des balles à blanc tirées au hasard sur quelques chemins dérisoires empruntés par compassion. La langue pendante, assoiffée du fruit de la langue française, les pieds dans le sable mouvant de mes incertitudes. Sur ce sentier boueux je m'enlise, ma voix devient rauque, de la boue à hauteur des amygdales, le souffle haletant, plus qu'une main à la surface…
Chapitre 1
Les personnes âgées souffrent se comparent aux rouets démodés de leur époque.
Malgré leurs diverses dégénérescences elles restent rouées.
Il ne faudrait pas croire que la sénilité soit le cadeau universel de toutes les fins de vie.
Si j’aborde cette problématique ce n’est pas sans avoir pesés le pour et le contre.
Je suis auxiliaire de vie, toutes ces années passées auprès de nos aïeux m’ont permis d’étudier en quelque sorte le vieillissement.
Le besoin matériel pour eux n’est pas une nécessité, leur priorité est plutôt un besoin d’affection.
Qui n’apprécie pas de se sentir aimer…
Maman est âgée de quatre vingt un ans, aujourd’hui c’est son anniversaire.
Alors mettons les petits plats dans les grands pour donner une image de plaisir à la vieillesse.
Chacun le sait ou fait semblant de l’ignorer vieillir donne parfois envie de se laisser mourir…
La table est dressée, mon regard est baissé, je ne peux lever mes yeux…
Pourtant maman est bien là vivante !
Mais ma conscience est submergée par des scènes trop récentes.
Je revois encore ma mère dans ce lit d’hôpital, décharnée, son esprit je ne sais où, peut être la haut…
Elle ne se sentait plus utile, peut être suis-je fautive ?
Moi je la voyais toujours gaie comme un pinson.
Je faisais bel et bien fausse route, là je suis tombée de haut !
Je n’ai pas vu l’orage arriver pourtant ça faisait longtemps qui grondait au loin…
Comme quoi à être trop professionnelle on en oubli les siens.
Je n’ai pas su déceler chez ma propre mère les coups de somation !
Pauvre idiote ! Le message était pourtant clair c’est anormal de sourire tout le temps à quatre vingt ans.
Soudain des sueurs froides m'envahissent, mes membres se mettent à trembler.
Je ne peux rien faire : ni pleurer, ni rire, ni hurler!
Peut être que de gueuler un bon coup me soulagerais...
Je voudrais être ailleurs mais où?
Perdue au milieu d'un monde de jouvence ou égarée sur une île déserte et sucer la sève de l'herbe folle.
Non ça ne servirait à rien où il y a vie, il y a mort.
Mes errances me propulsent un instant à sa sortie d'hôpital, à son caprice d'ado...
Ma demi-soeur devait subvenir aux besoins de sa convalescence.
Mais à sa réaction infantile à l'annonce de mon retour chez moi.
La frangine perdu son sang froid injuria ses mômes sans raison apparente.
Alors maman se mit à pleurer, feignant une crise cardiaque...
Je vis la ruse...
Alors je dis à ma mère: -" Tout ce que tu veux c'est venir chez moi?"
Elle répondit :-" oui!!!"
Subitement tous ses soi-disant symptômes: douleur à la poitrine, difficultés respiratoires, disparaissaient...
Ma soeur vexée mais satisfaite de la tournure des évènements.
Ma chère soeur osa dire: -" Voilà! Moi j'ai fait un lit pour rien!!!"
Sous l’emprise de la colère je pris bagages sous un bras et maman de l’autre.
Je sentais des ailes pousser à mon dernière et ces mêmes ailes me parlaient, elles disaient : « Tire toi ! Tire toi et ferme ta gueule ! »
Direction Saint Thomas city la maison du bonheur !
Et à présent on parle au présent !
J’installe maman bien confortablement mais il faut faire vite très vite !
Je dois prendre mon cul en poignée !
Rendre une petite visite de courtoisie à mon employeur…
En chemin je me dis pourvu qu’elle soit de bonne humeur !
Je vais le jouer comment ce coup là ? A l’orientale, en philosophe…
Non tout simplement en étant ce que je suis : la fille de ma mère.
Je frappe à la porte du bureau, une voix calme me répond :-« entrez ! »
Bon elle a l’air de bonne composition aujourd’hui.
-« Bonjour », je lui dis tout en lui serrant une poignée de main mielleuse.
Puis sans fard j’aborde le sujet :
-« Bien voilà je suis dans la merde et je vais vous y mettre ! »
Puis je lui explique l’affaire en question sous tous les plans.
A sa réponse si spontanée, j’ai cru rêver…
Elle répond sereinement :
- « Lorsque j’ai eu besoin de vous vous étiez là !
Alors aujourd’hui je suis là. »
Elle m’accorde six jours de congés pour faire face à ce fracas de l’existence…
Maintenant il fallait réaménager mon temps de travail car maman retombe dans l’enfance…
Quelques jours seulement pour effectuer un tri sélectif.
C’est honteux de parler ainsi car mon choix de sélection concerne des personnes âgées.
Mon cerveau n’est plus qu’un volcan en éruption, alors on verra ça demain
Beaucoup plus pressant ouvrir les soupapes de sécurité si non je vais exploser et ce n’est vraiment pas le moment…
Un oeil vers mon ordinateur, le gauche car le droit très occupé à regarder couler les larmes de ma mère.
Mon clavier est en très bon état et heureusement car toute ma rage accumulée claque sur les touches comme un burin sur ma souffrance…
D’un jet naît ce texte!
On abandonne un vieux comme un chien au bord d'un fossé.
On écrase un vieux comme un chien abandonné sur une route.
On les appelle les boulets les vieux !
La SPA des vieux ça existe si si ça existe !
Sous diverses structures : foyer logement, maison de retraite, long séjour surnommé mouroir…
Là l'agonie s'exhibe, les râles nocturnes raisonnent à vous faire éclater les tympans !
Les pleurs de l'âme dessinent d'étranges scènes sur les murs des hospices…
Des poignards à la lame aiguisée transgressent les lois de l'apesanteur et veillent en bons charognards au dessus de ces visages usés par le temps.
On ne renie pas sa patrie, ça la fout mal !
On renie notre mère, c'est normal !
On jette les chaussettes trouées pas le temps de les rapiécées…
La benne à ordures ce n'est pas fait pour les chiens, enfin en principe…
On ne répare pas les neurones et les os usés non plus ! La broyeuse du temps n'a fait que son travail…
Pourtant on recycle bien les eaux usées !
A présent je vais travailler à temps partiel et m'occuper de maman chez moi !
Je dédie ce texte à ma chère demi-sœur, je précise demi car je me demande même si nous avons seulement un demi quart de sang commun !
Je lui souhaite une vieillesse emplie de douleurs physiques et psychiques !
Que ses enfants lui offrent le top des oubliettes !
Car refuser un peu de son temps et de surcroît rémunéré à sa mère quand on est femme au foyer c'est immonde !!!
Maman l'a portée dans ses entrailles comme moi, mais la génétique a parfois des ratés, sa conception fut le bug du siècle !
Oui je pleure en écrivant ce texte car je suis épuisée, maman pleure beaucoup elle a bobo à son petit cœur de mère…
Maman je t'aime !!!
A l’accoutumée je retravaille toujours mes écrits, jamais satisfaite…
Au fil des jours, maman recouvre ses facultés mentales.
Ça fait du bien de la voir revivre…
Ce matin elle a fait ma vaisselle, vive le lave-vaisselle manuel !
Ah deux bols de cassés…
Tant mieux ! C’est qu’elle vit !
-« Maman, je vais travailler, je serai là à dix heures. »
-«Oui oui vas y, je regarderai la télé comme d’habitude ! »
Je pars le cœur léger car je sais que Doc non pas Doc gynéco !
Mon chien, mon adorable toutou de quarante kilos viellera sur elle.
Les animaux sont parfois plus intelligents que les humains…
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