Défunte poétesse …
Viens, viens là ! Je t’emmènerai là où le poète s’effondre au milieu de ses rêves, dans son piètre univers. Mille balancelles bercent ses sombres vers, ses pensées se taisent dans le sanctuaire de rimes incertaines. Ce lieu où des âmes moribondes vagabondent, insoutenable cloître, ils y sont tous, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud enfermés à double tour. Une troupe de saltimbanques joue à perdre haleine à six pieds sous terre. Que l’on m’enterre avec eux si mes poèmes se meurent … Rien ne brisera mes chaînes de bohème ! Si mes phrases ne riment à rien, je les laisse s’éteindre sur une page blanche. Si le verbe venait à s'enfuir de ma chair, je profanerais la tombe de mon père pour y puiser la quintessence. Joueuse de porcelaine, se fracasse ma main sous le souffle de ma plume. J’ai l’âme fugueuse, des rires larmoyants, infâme rieuse ! Le blasphème de mes mots s’amuse à tapisser de rouge la tanière de mes jours. Dans l’encrier de mes veines, anicroches et roses blanches s’interpellent. Si j’étais prétentieuse de mes quatre sous, je me ferais reine, couronnée de gloire, mes dessous de gitane ne prêteraient plus attention à ma rébellion. Mais je suis et je n’y peux rien, soubrette de mon destin.
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