La nudité de l'esprit.

Livre jauni entre mes mains entre ses mains, tu joues et tu geins, veinules de destin. Un passé entre tes mains, pleurent des pages blanches, chapitre innocent de mon enfance, erre un cœur d’insolence.  Hiéroglyphes du temps, du ciel, partiel d’existence, tu noues et tu déchires, toi le livre d’impatience … L’amour en dépendance, une bouche anorexique des gourmandises  d’un padre, l’absence d’un parler au rythme des années, des paroles en filigrane à deviner sur chaque nuage, toi le mage tu nages en silence dans le souffle du vent qui cogne contre ma porte. Cordelette de chanvre usé entre chaque page, tu marques mon appétence. Ma vie jongle de papier en lettres,  de carnet voilé en résurrection, l’agonie d’un peut être …   Sur le grain d’une feuille, je caresse ta main, me semble douce ta peau, mon chagrin effleure l’iris de tes doigts. Me faut-il la bible ou le coran, un tourbillon d’âme pour purifier mes larmes ? De tes mains blêmes en braille j’ose traduire le langage des anges. Mes doigts décryptent tes baisers, soufre de tes lèvres  moribondes, lèpre  des cieux enivrant mon âme saoule  du manque du cœur. Ce papillon qui virevolte, toutes ces taches de cruor sur ses ailes cernées de cannelures d’or, laissant voleter le cyanure de tes plaies. N’ayant pu déposer au chevet de l’exil de tes veines  le parfum des fleurs,  ne fût  qu’une gerbe séchée, veilleuse de nuit, l’éternité d’un je t’aime d’un amour filial. Sur le bois de vie de cette table sans convive, je reste l’hôte des tes pensées, ce livre ouvert maître d’œuvre  de mes mots chercheurs  de tes maux au fin fond du firmament, plèvre de mes poumons orphelins, souvenir  allaitant mon présent haletant.