Mes parapluies de Cherbourg.
Dans un berceau, on ne voit pas encore nos propres mains et nos doigts gesticulent déjà. Á dix ans, on sait que du bout des doigts on peut déjà donner un peu, effleurer d’une main les prémices de l’amour. Á quinze ans comme des chiens fous, on palpe ces choses là que l’on croit un peu sauvages … La désinvolture de l’adolescence dans la paume de la main. Pourtant ce que l’on peut être paumé, les parapluies de Cherbourg grands ouvert … Á vingt ans, le cœur sur la main on cueille toutes les roses qui bordent notre chemin. On effeuille tant de marguerites. On est un peu désordonné … Á trente ans, on caresse d’une main folle la sculpture de son unique déesse. Un frisson de muse où s’amusent et s’époumonent à cœur perdu deux enfants de l’amour. Á quarante ans, on est les disciples de gestes disciplinés. L’effervescence de nos vingt ans s’agenouille, la délinquance de l’âme de nos quinze ans est un tendre souvenir, on entend encore le bruit des agates de nos parties de billes et de nos montées au ciel de notre jeu de marelle. Á cinquante ans on se voudrait ado … Á soixante ans on crie :
-« Oh putain ! Maman redonne moi la parure de mon berceau ! »
Sous les arpèges du temps se dessine courbaturé un vieux couple. La chanson de deux mains jouée à quatre mains sur un piano aux touches frappées d’un noir et blanc, le cœur dépouillé, c’est certain. Des notes carambolées pour voir au delà d’un demain, sur l’imperturbable chemin de croix, on traîne l’enclume forgée à la main de nos deux cœurs. Ceux d’un matin, d’un après midi puis d’un crépuscule, nos parapluies de Cherbourg fermés et moi je chiale, leurs baleines me transperçant le cœur.
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