Comme un homme...
Mon p'tit clochard au cœur lourd, ta main tremblante sur le dernier quai, hibernent tes souvenirs au bruit des wagons. Se griffonne un sms, résonne un aïe phone, chassé-croisé une lèvre, des idées noires... C'était hier, un petit minois au sourire narquois te dévisageait au travers d'une vitre de ce train vagabond des frontières. La prunelle endimanchée tu avais le cœur au Sud, elle, elle se dirigeait vers le Nord. Les violons de novembre auront longtemps joué l'orphelin, se tortille sur les vieux bancs de cette gare une lettre à Élise. Elle avait six heures d'attente pour son prochain train. Elle s'était assise à côté de toi, toi pauvre lycéen où dans cette salle d’attente tu n'attendais plus rien... Cherchant à philosopher pour apostropher ta prof d'anglais à son prochain cours, elle avait la cuisse légère cette prof d'anglais mais elle ne voulait pas de tes caresses... Soudain un glissement de tissu, le chuchotement d’une fesse, la belle s'était levée, aguiché par la rondeur de ses courbes, sa taille malawienne, ton regard s'éleva vers un septième ciel. Elle avait la hanche aux délices d'une voltigeuse, la lèvre pulpeuse au goût des fruits de là-bas... Elle se dirigea vers le distributeur de boissons, elle n'avait pas de monnaie juste deux, trois billets de dix euro. Toi avec dans ta poche ton petit porte-monnaie d'ado, tu te sentais fier, voyant ainsi le moyen de l’aborder... Emporté par la fougue tu t 'exclamas ! :
- « Mademoiselle ! Sans vous importuner puis-je vous offrir une boisson ? »
Et la radio chantait :
« Ah ! Tu verras, tu verras, l'amour c'est fait pour ça... »
S’entremêlèrent cheveux blonds et mèches brunes. Pour tout azur un voile bleu sur leurs yeux.
Riviera sur le satin, le bourgeon d'un jupon puis sur ce quai abandonné crever l’abcès de l'indifférence. Gueule d'amour te reste la bouche en cœur aux mots amants d'un premier jour, une poupée d'argile sur le bitume, maraudeuse aux seins nus.
Ah ! Rage de rat, tes larmes ont coulé quand elle s'en est allée, il avait de la tchatche ton mouchoir...
Lily ramassa sa serpillière, ils allaient l'embarquer, ces salops , au palais des plaisirs gratuits, Iche liebe dich, i love you, io amo, Обичам те, aku tresna sampeyan, oui mais arrêtez d'y lécher les fesses ! Moi je t'aime ! Môme d'amour au fond de mon orphelinat. Enfant du premier quai m'ont métissé une échappée et un ghetto. »
Ma p'tite nana pour tout sein tes amours mortes, ta main chantante sur le premier quai, se réjouissent tes prochains jours au silence d'un wagon. S'efface un sms, grelotte un aïe phone, chassé-croisé quelques mots, un peu de tendresse... C'est aujourd'hui, un paysage au travers d'une vitre de ce train triller, trille des frontières. La prunelle endimanchée tu te diriges vers le Sud, lui, dealer d'un Nord, jazzman d'un soir avec ces six six heures d'attente pour son prochain train, s'est assis dans le noir de ses idées noires... Toi pauvre collégienne où dans cette salle d’attente tu t'attendais à tout... Cherchant à philosopher pour apostropher un morceau de sa vie, soudain un glissement de prunelle, la larme orpheline, Emporté par la peine il s'exclama ! :
- « Mademoiselle ! Sans vous importuner puis-je vous demander un Kleenex ? »
Et la radio chantait :
« Avec son vieux pardessus râpé. »
Puis il s'exprima sans orgueil :
- « Sur ce quai désorienté, gueule d'amour me reste la bouche en cœur aux mots amants d'un premier jour, une poupée d'argile sur le bitume, maraudeuse aux seins nus.
Ah ! Rage de rat, mes sanglots ont coulé quand la DDASS m'a raconté.
Ils avaient embarqué ma mère, ces salops , au palais des plaisirs gratuits, Iche liebe dich, i love you, io amo, Обичам те, aku tresna sampeyan, я тебя люблю, oui mais ils continuent à zyeuter ses fesses pour un voyage en cale sèche. Mais moi je l'aime ! Môme d'amour au fond de cette gare. De son premier quai se sont aimés un ado et une métisse, les yeux couleur mégalos. »
Format A4 je me dessine un papa que j'imagine... Son Levi's à l'ourlet défait, traîneur dans la poussière d'une rue, ses baskets couinant sur le dallage d'un vieux quai cherchant les pas d'un ado, une vieille photo tombée sous un distributeur de boissons. Le clin d’œil à une prof d'anglais... Je massicote mon HB, ma mine crisse sur un papier vélin, la mine papier mâché je cherche mon lointain. Assis sur un strapontin je kiffe la fesse d'une ado avec la même faiblesse que mon père, je joue les nigauds... Au prochain arrêt on se retrouva sans doute assis dans la même salle d'attente... J’esquisserai ses formes au crayon à papier, dans mon porte-monnaie je n'ai que des billets, dans ma poche un billet doux pour ma prof d'anglais...
Format A4 je me dessine une maman que j'imagine... Mon Levi's à l'ourlet défait, traîneur dans la poussière d'une rue, mes baskets couinant sur le dallage d'un vieux quai cherchant les pas d'un ado, une vieille photo tombée sous un distributeur de boissons. Le clin d’œil à une prof d'anglais... Je massicote mon HB, ma mine crisse sur un papier vélin, la mine papier mâché, je cherche mon lointain. Avec cette faiblesse de père, je joue les nigauds... Dans la même salle d'attente... J’esquisse des formes au crayon à papier, dans mon porte-monnaie je n'ai que des billets, dans ma poche un billet doux pour ma prof d'anglais.
Format A3 je me dessine une vie que j'imagine... Aucun faux-pli à mon Levi's, mes baskets fouineuses du dallage d'un vieux quai mimant les pas d'un ado, une vieille photo conquête rétro. Je massicote mon HB, la mine papier mâché je veux voir un demain, sans la même faiblesse que mon père. Au prochain arrêt je me retrouverais sans doute assis dans la même salle d'attente... J’esquisserai quelques souvenirs au crayon à papier, dans mon porte-monnaie je n'ai que des billets, dans ma poche plus de billet doux pour ma prof d'anglais.
Il est minuit, la radio est éteinte, je m'étais assoupi, à mes pieds mon livre de poche était tombé... La gare est vide j'ai dû rêver.
Rachel Désir
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