En ces chemins de rosée …
Te souviens-tu d’hier où je filais la laine du blond de nos champs de blés ? Je n’étais qu’une collégienne au solde de tes lèvres, le regard apeuré, de mes prunelles perlait l’innocence d’une crémière et de son petit pot de lait. Je me voulais gourgandine pour apaiser ta fièvre. Le temps et son échelle, barreaux de chaise, me voilà assise une petite laine sur les épaules, châle de feuilles mortes. Je me rêve gitane, jupon gonflant sous une bohème aux jeux interdits. Se sont endormis les gondoles à Venise. Et puis il y a ces souvenirs tapis sous nos oreillers qui soupirent quelquefois au potron-minet. Tant la brise de nos soupirs halète nos vieux draps, charmille, la caresse de tes mains, petits doigts magiciens, se fait femme fatale sur mes reins. Non, ne dis rien ! Mon amant de satin, remettons à demain l’écharpe de la vieillesse, nos souffles souterrains mendiants des venelles muettes de la vie … Tant le foulard de soie de notre jeunesse emmitoufle ma peau, gran’voile, sursaut d’un battement de cœur, voilier vers le quai du bonheur.
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