Soprano.
J’ouvre mon tiroir
y gît un jupon froissé,
le déshabillé d’un vieux soir.
Ce n’est rien qu’un instant bohémien.
J’entrouvre ma mémoire
toujours les mêmes rues,
nous nous aimions dans le noir,
sans lampion d’un espoir.
Il était une fois …
Les histoires d’amour commencent toujours comme ça …
L’amour fouineur.
Mémoire tremblante
l’herbe folle de nos chemins,
une rue la dernière,
tous ces matins froissés …
Un cœur en viager.
Qui part le premier ?
Le nu d’une rue
ou l’amour sans foi,
une main en viagère
ou la bergère.
L’herbe tremblante
chemin sans demain,
au carrefour des quatre chemins
j’ai perdu ta main,
l’amour fouisseur.
J’entrouvre un tiroir
y gît ma mémoire
déshabillé d’un au revoir.
Je ne reconnais plus ni mon amant, ni mon aimé, ivresse soûle.
Écumes au vent marin autant en emporte le quotidien.
Ma mémoire cadenassée chemin sans fin …
Un carrefour au lointain …
Un tiroir et sa houle.
Tu avais vingt ans, j’avais du chien … Boucle créole à mon oreille, l’aube d’une gitane. J’ai cinquante ans, un temps de chien … Frisson du matin, chiendent dans le jardin. Mon vieux chien sur la terrasse me regarde, compagnon d’un regard, compagnons de bergère me regardent tous ces vieux matins sans l’angoisse d'un lendemain. Ma main traîne sur ton pelage mon chien, dans nos yeux l’angoisse du lendemain … Dormeuse à lobe de mon oreille l’améthyste, un or gelé sur le rebord de mes paupières. Un vol d’oies sauvages, passe, passe la vie marque-pages d’une folie, se détachent feuillets un ciel aigris.
Rachel Désir
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